Sélectionner une page

rencontres littéraires

Suzanne BOCHATAY-CRETTEX, professeure de français

2025 fut une belle année pour les rencontres littéraires du Lycée-Collège de la Planta, puisqu’elle nous a permis de découvrir un auteur talentueux : Tanguy VIEL, un des écrivains-phares des éditions de Minuit.

Le 2 avril, 400 élèves étaient réunis dans l’aula du Lycée-Collège de la Planta, leur livre en main, attendant l’arrivée de l’écrivain. Depuis plusieurs semaines, aidés par leurs professeurs, ils avaient lu et étudié différents romans – Article 353 du Code pénal, La Disparition de Jim Sulivan, La Fille qu’on appelle… Tous ces récits ont pour point commun d’explorer sans complaisance la complexité des rapports humains, le poids des structures sociales, tout en jouant avec les codes de la littérature, dans une phrase ample, souple et riche. Le cadre naturel, – souvent la Bretagne, où Tanguy VIEL a grandi –, joue un rôle essentiel : il est à la fois refuge, miroir intérieur des personnages et métaphore de la conscience et de l’écriture.

Les étudiants jouèrent le jeu avec brio, avant, pendant et après la rencontre, conclue par une séance de dédicaces et d’interviews. Au cours de la séance, leurs questions portèrent d’abord sur les héros des romans (Martial Kermeur est-il coupable ? Manipule-t-il le juge ?…), sur des enjeux littéraires et moraux (Y a-t-il une remise en question de la justice? Quels sont vos modèles littéraires ? Quel est le rôle du cinéma dans votre écriture ?…), avant de s’élargir à des thèmes plus contemporains (Quel sera l’impact de l’IA pour la littérature?…). On apprit que pour lui, si l’écriture n’est pas à proprement parler un acte engagé, elle porte néanmoins une vision du monde et une morale. Que le récit peut acquérir une valeur de réparation face aux injustices du monde. Que l’objet de sa quête littéraire est la restitution d’une « intériorité », d’une « voix ». Que le cinéma est son « réservoir d’images ». Que l’écriture est un travail, jamais acquis, sans cesse à conquérir… À chaque interrogation, Tanguy VIEL prit la peine de répondre avec précision, acuité, et humilité – c’est ce qui fut particulièrement remarqué et apprécié par tous les élèves.

L’échange avait été précédé, la veille, d’une séance avec les élèves de l’atelier d’écriture dirigé par M. DE CAMARET. Tanguy VIEL commença par proposer aux élèves une consigne d’écriture sur la phrase longue, afin d’essayer de faire entendre le rythme du langage vivant, « d’une phrase qui soit comme un souffle. » Au moment de développer la consigne, il mentionna l’usage du participe présent à la manière de FAULKNER, de l’adjectif à la manière de PROUST ou la figure de style de l’épanorthose comme des moyens concrets de produire une phrase longue. Il proposa la lecture de l’incipit de l’un de ses romans à titre d’exemple. Une fois les textes des étudiants rédigés, il prit le temps d’en écouter attentivement la lecture pour les évaluer avec bienveillance, donnant par exemple le conseil de renoncer aux rimes comme on retirerait un échafaudage pour admirer l’édifice.

En soirée eut lieu une rencontre publique au château Mercier de Sierre, organisée par Mme CRETTENAND-SIERRO. Tous les participants furent ravis de découvrir un écrivain aussi talentueux qu’humain. Puisse-t-il faire germer des vocations littéraires dans le rang des spectateurs et étudiants. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.

© Zélie KREMPL

© Gaëtan de Camaret

© Gaëtan de Camaret

Lycée-Collège cantonal de la Planta - Rapport annuel